De la sylve
Dans l’infirmerie du monastère où tu mourais
la mer la mer battait le roc au rythme de ton sang
le vent le vent brassait les pins au rythme
de ton souffle
Tu tirais la couverture
sur ta tête
pour ne plus entendre l’horloge grossière
ne plus entendre que le Nom
dans ton souffle et ton sang
Et moi je meurs sur ce banc de métro
parmi ces fantômes sans yeux
dans le bruit de l’acier
Mais ta prière peut-être
me protège
et soudain
coule en moi le silence
L’enfant qui s’endort n’entend plus
les bruits
sinon comme un murmure
de mer d’anges de vent
Tout le bruit de ma vie
et tout l’acier des mots
sur la meule du cœur
s’éloignent
et le Nom
que je ne sais nommer
me nomme
le mort sortit
enveloppé de bandelettes
Olivier CLÉMENT,
Déracine-toi et plante-toi dans la mer,
Éditions Anne Sigier, 1998.