Matin de printemps

 

 

Une vive rougeur à l’orient s’allume ;

Un appel d’angelus vibre dans le lointain,

Un léger filet bleu vrille d’un toit qui fume,

S’élève et disparaît dans l’air frais du matin.

 

L’horizon montagneux où roule un peu de brume

S’empourpre tout à coup par le soleil atteint ;

Le village s’éveille au son clair de l’enclume,

Déjà le troupeau part dans un bruit argentin.

 

Une fine vapeur monte de la rivière ;

Une alouette en haut chante dans la lumière,

L’agile martinet vole autour du clocher.

 

De vifs coups de battoir partent de la fontaine,

Des cris de laboureurs s’élèvent de la plaine,

Et meurent en échos au faîte du rocher.

 

 

 

Francis CLERC, Les heures perdues, 1924.

 

 

 

 

 

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