Noël au village

 

 

La neige, en son linceul, enferme le guéret.

Le silence s’étend sur la plaine glacée

Où la trace des pas est de suite effacée

Par le vent qui rugit au fond de la forêt.

 

Il est tard. L’Angelus, à la petite église,

A depuis fort longtemps tinté son carillon,

Et ses grêles accents, au-dessus du sillon,

Se sont précipités emportés dans la bise.

 

Pourtant, l’on veille encor dans les vieilles maisons ;

Un filet bleu se tord au-dessus des chaumières,

Et l’on voit flamboyer les plats des étagères

Quand de l’âtre noirci s’allument les tisons.

 

C’est Noël ! Dans la chambre parée et coquette,

Les parents, les voisins, autour du feu pressés,

Racontent longuement les faits des temps passés,

Pendant que cuit au four l’odorante galette.

 

Au temple illuminé menant leurs fils joyeux,

Quand sonnera l’appel de leurs cloches antiques,

Ils s’en iront chanter les anciens cantiques

Qu’au même banc jadis ont chantés leurs aïeux.

 

 

 

Francis CLERC, Les heures perdues, 1924.

 

 

 

 

 

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