À un ami qui venait d’éprouver un grand malheur
Oh ! je n’essaierai pas de calmer vos alarmes :
On peut briser un cœur en tarissant ses larmes.
La mort frappe un objet digne de vos douleurs.
Que vous dirais-je, hélas ! en ce moment suprême,
Moi qui sais ce qu’on souffre à perdre ceux qu’on aime ?....
– L’ami qui les comprend laisse couler vos pleurs.
Quand la mort m’a ravi Charles et mon vieux père,
Si quelqu’un m’avait dit : espère encore, espère !
J’aurais cru qu’il voulait me railler en chemin !......
J’ai rencontré depuis un bon ange, une femme,
Et son amour si pur a ranimé mon âme,
Qui la veille en tremblant pensait au lendemain.
Elle a reçu ma main, mais il m’en reste une autre
Et je viens aujourd’hui la tendre vers la vôtre :
Du faix de vos douleurs je prendrai la moitié,
En remerciant Dieu dont la bonté profonde
Me permet de donner, en passant en ce monde,
Une main à l’amour et l’autre à l’amitié.
Antoine CLESSE.
Paru dans la Revue de Liège en 1844.