ADIEU
Pour ma Fille.
À peine ai-je baisé ton front et ma prière
A-t-elle pris l’essor pour remercier Dieu
Que, farouche, il me faut déjà te dire adieu
Et te retrouver froide, hélas ! comme la pierre !
Et seul parmi les croix du petit cimetière
Qui dressent leurs grands bras vers l’immense ciel bleu :
Telles des Vierges-sœurs formant un même vœu,
Je vois fuir à jamais ma chimère dernière ;
Car en te contemplant chaque jour, à genoux.
Épiant ton sourire imperceptible et doux
Comme le battement d’ailes d’une colombe,
Fou, j’avais oublié que le Seigneur peut seul
Savoir si le Berceau ne recèle une Tombe
Et si le Lange blanc n’est pas un blanc Linceul.
A.-C. COCHE, 1er Février 1898.
Paru dans La Sylphide en 1898.