Consolation
À mon ami Racagel
AMI, la Mort commet parfois l’erreur étrange
De cueillir l’humble Fleur au soleil se chauffant
Dès l’aube, et de laisser abject, mais triomphant,
Le Vautour se rouler un siècle dans la fange.
Et pourtant c’est en vain que l’être se défend
D’espérer qu’au trépas l’âpre destin se change
En un destin plus beau, car nul ne sait si l’Ange
Ne ressuscite pas du linceul de l’Enfant.
Nul ne sait si la tombe où le silence est maître
N’est pas le seuil béni par où l’âme pénètre
Dans un éden d’amour, de paix et de douceur !
C’est pourquoi, cher ami, qui sous la douleur ploie
J’ose vous murmurer : la Mort prit votre Sœur
Afin de la guider vers l’Éternelle Joie.
A.-C. COCHE, 28 octobre 1897.
Paru dans La Sylphide en 1897.