Les bois et les étoiles
J’adore les grands bois, charmes de la nature,
Où l’on se sent plus seul, où l’on rêve à loisir ;
Quand les arbres fleuris me prêtent leur parure,
Mes sens, à ce moment, goûtent un vrai plaisir.
Dans les sombres forêts, la nuit, c’est le silence,
Qui calme mes ennuis, apaise mes douleurs... –
Les astres tremblotants gravitent en cadence
Et jettent sur les bois de livides lueurs.
Entendez-vous, là-bas, une sainte musique ?
C’est le zéphir qui chante aux pieds du Tout-Puissant.
Écoutez ; c’est encor, sur un air bien antique,
Toujours la même voix qui s’en va grandissant.
Arbres géants, levez vos souches séculaires !
Je sens vibrer votre âme au contact de mes pas :
Vous avez étendu comme de noirs suaires
Sur vos rameaux frappés par de cruels trépas.
Mais, pour qui sont ces voix ? ces douces mélodies ?
Cette ombre qui s’étend, et ces tapis vermeils ?
Le Seigneur a voulu nos âmes agrandies ;
Pour nous furent créés ces bois et ces soleils.
Abbé C. COGNET.
Paru dans L’Année des poètes en 1897.