La nuit qui couvre tout...
La nuit qui couvre tout de ses ailes obscures,
Cacha les membres nus de Jésus-Christ mourant,
Nul des cruels juifs ne le fut secourant,
Mais en le tourmentant lui disaient mille injures.
La mort qui bien sentait ces mortelles pointures,
Ne lui pouvait aider sinon qu’en soupirant,
Mais cette triste nuit son Seigneur honorant,
Déploya son manteau, repos des créatures.
Ô nuit, heureuse nuit, qui asservi ton Dieu,
Faisant tous les meurtriers retirer de ce lieu,
Afin d’être approché de ceux qui le désirent :
Venez tous travailler, et chargés de péché,
Voyez le fils de Dieu sur la croix attaché,
Qui oyt bénignement les pécheurs qui soupirent.
GABRIELLE DE COIGNARD.