L’aube
(D’APRÈS SOURIKOV)
UNE lueur très faible encore
Commence à blanchir l’horizon
Tremblant et pâle, son rayon
Présage une prochaine éclosion d’aurore.
Entends-tu dans les bois, par l’été rajeunis,
Une claire chanson s’éveiller dans les nids ?
Lentement l’azur se délivre
Du voile humide des vapeurs ;
La rosée à l’âme des fleurs
Laisse un plus doux parfum dont la brise s’enivre.
Un souffle harmonieux sur les champs assoupis
Glisse et fait mollement frissonner les épis.
Secouons la torpeur du rêve.
Debout. Bienvenu soit ce jour !
Et saluons avec amour
L’auguste majesté du soleil qui se lève.
Quand le ciel est si calme et si pur à nos yeux,
Ayons l’âme sereine et le cœur radieux...
Adressons notre humble prière
À Dieu, de qui nous vient tout bien,
À Dieu, le père et le soutien,
Puis allons faire en paix la tâche journalière.
Prions avec ferveur et gaîment travaillons.
Le Tout-Puissant rendra fertiles nos sillons.
Paul COLLIN,
Trente poésies russes,
1844.