Le chemin de l’église
J’entends au loin tinter la cloche de l’Église.
Sur le chemin, gaîment épanouissez-vous,
Fleurs du printemps, laissez voltiger dans la brise
L’enivrement joyeux de vos parfums si doux ;
Voici venir, le front riant et l’âme en fête,
La belle fiancée au bras du jeune époux ;
Ô fleurs, embaumez l’air qui passe sur leur tête !
J’entends au loin tinter la cloche de l’Église.
Sur le chemin, chantez, petits oiseaux bénis ;
Voici venir l’enfant nouveau-né qu’on baptise ;
Autour de son berceau tous se sont réunis,
Célébrant son entrée heureuse dans ce monde.
Chantez pour lui, chantez, oiseaux, vous qui des nids
Connaissez la douceur adorable et féconde !
J’entends au loin tinter la cloche de l’Église.
Grands arbres du chemin, laissez, comme dès pleurs,
Tomber plaintivement vos feuilles sous la bise,
Car le froid de l’hiver a passé dans les cœurs ;
Voici venir la mère et l’enfant qu’on emporte !
Ô grands arbres, petits oiseaux, charmantes fleurs !
L’enfant n’a pas pu vivre... et la mère en est morte !
Paul COLLIN.
Paru dans L’Année des poètes en 1895.