Ô contradiction !
Ô contradiction de la pensée humaine !
Nous avons tous horreur de la mort, et, pourtant,
Quoique nous sachions bien où l’avenir nous mène,
Toujours vers l’avenir quelque chose en nous tend.
Suffit-il donc que l’heure en demeure incertaine
Pour ne plus redouter la fin qui nous attend ?
Ou bien, accoutumés à la croire lointaine,
Oublions-nous qu’elle est plus proche à tout instant ?
Non. Mais quand notre corps s’épouvante et s’étonne
De la brièveté du temps que Dieu lui donne
Et cherche à prolonger l’aurore jusqu’au soir,
Notre âme, qui se sent, malgré tout, immortelle
Et veut monter au terme heureux de son espoir,
Ne peut pas maîtriser ses palpitements d’aile !
Paul COLLIN.
Paru dans L’Année poétique en 1906.