Ad Deum !
Ô Seigneur, parlez-nous ! Votre voix souveraine
Seule peut dominer tous nos tumultes vains.
Que votre vérité console et rassérène
Nos esprits fatigués des mensonges humains !
Nous avons trop bâti nos œuvres sur les sables
Et trop laissé flotter nos rêves à tous vents ;
Ayant semé le grain des espoirs périssables,
Nous récoltons l’épi des bonheurs décevants.
Terrestres voluptés, vos fuyantes chimères
Meurtrissent l’imprudent que leur charme a séduit ;
Quand votre éclat rapide est tombé dans la nuit,
Nos yeux restent voilés de larmes bien amères !
Parlez-nous donc, ô vous qui ne trompez jamais,
Maître infaillible, roi tout-puissant, père tendre ;
En vous sont tous les biens que nous pouvons attendre :
Il nous faut votre force, il nous faut votre paix !
Parlez. Pour recueillir vos divines paroles,
Nous lèverons vers vous nos cœurs avec nos yeux
Et, rejetant le joug de nos tristes idoles,
Nous recommencerons la conquête des cieux.
Notre âme rouvrira toute grande son aile,
Montant dans les clartés d’un azur toujours bleu ;
Et, reprenant son vol vers la joie éternelle,
Ira se reposer dans l’amour de son Dieu !
Paul COLLIN.
Paru dans L’Année poétique en 1906.