Lever de soleil au Mont Blanc
C’est le Mont Blanc. C’est lui ! Les nuages épais,
Dont l’ombre sur ses flancs s’était amoncelée,
Ont disparu. Voyez. Dans sa gloire et sa paix,
Il offre au jour naissant sa neige immaculée.
Pour y verser l’éclat de son front radieux,
Le soleil a fait choix de ce miroir sublime,
Et peu à peu dissipe, en montant dans les cieux,
Les brouillards dont le voile enveloppait sa cime.
De même, quand un homme a, par un noble effort,
Levé son cœur plus haut que les fanges humaines ;
Quand il a, dominant les caprices du sort,
Maintenu son espoir aux régions sereines,
Autour de lui le doute amasse en vain sa nuit,
Pour étouffer l’ardeur du zélé qui l’enflamme ;
Toute ombre s’évapore et tout nuage fuit
Quand le regard de Dieu se lève sur son âme !
Paul COLLIN.
Paru dans L’Année des poètes en 1897.