Question sans réponse

 

 

Pour que je puisse pénétrer,

sans avoir à m’agenouiller

devant Vous, dans Votre royaume,

ô Dieu qui fîtes l’âme des hommes

si mortellement effrayée,

n’y a-t-il donc aucune chance

de mériter Votre clémence ?

N’y a-t-il pas pour le poète

qui jamais ici ne s’inquiète

de savoir le monde infini,

un coin de Votre paradis ?

Regarderez-Vous d’un air rude

son front ridé d’inquiétude ?

Mais peut-être avez-Vous souri

de ses faux pas sans l’avoir pris

sérieusement pour un pécheur.

Allez-Vous être sans pitié

et lui prouver qu’il s’est trompé

sottement, même avec son cœur ?

Ou pourrez-Vous enfin l’aimer

et, riant dedans Votre barbe,

vous souvenir que pour créer

autant de choses adorables,

Vous fûtes, et, toujours, Vous êtes

le plus généreux des poètes ?

 

 

 

Marcel COOLE, Dans l’étau de la tendresse.

 

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie

néerlandaise de Belgique (1830-1966),

choix de textes et traduction par Maurice Carême,

Éditions Aubier-Montaigne, 1967.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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