LA SŒUR NOVICE
Lorsque tout douloureux regret fut mort en elle
Et qu’elle eut bien perdu tout espoir décevant
Résignée, elle alla chercher dans un couvent
Le calme qui prépare à la vie éternelle.
Le Chapelet battant la jupe de flanelle,
Et pâle, elle venait se promener souvent
Dans le jardin sans fleur, bien abrité du vent,
Avec ses plants de choux et sa vigne en tonnelle.
Pourtant elle cueillit, un jour, dans ce jardin,
Une fleur exhalant un souvenir mondain
Qui poussait là malgré la sainte obédience ;
Elle la respira longtemps, puis vers le soir,
Saintement, ayant mis en paix sa conscience,
Mourut, comme s’éteint l’âme d’un encensoir.
François COPPÉE.
Paru dans La Sylphide en 1898.