Amour de Jésus

 

 

Connais-tu bien l’amour, toi qui parles d’aimer ?

L’amour est un trésor qu’on ne peut estimer ;

Il n’est rien de plus grand, rien de plus admirable ;

Il est seul à soi-même ici-bas comparable ;

Il sait rendre légers les plus pesants fardeaux ;

Les jours les plus obscurs, il sait les rendre beaux,

Et l’inégalité des rencontres fatales

Ne trouve point en lui des forces inégales,

Charmé qu’il est partout des beautés de son choix.

Quelque charge qu’il porte, il n’en sent point le poids,

Et son attachement au digne objet qu’il aime

Donne mille douceurs à l’amertume même.

Cet amour de Jésus est noble et généreux,

Des grandes actions il rend l’homme amoureux,

Et les impressions qu’une fois il a faites

Toujours de plus en plus aspirent aux parfaites.

Il va toujours en haut chercher de saints appas ;

Il traite de mépris tout ce qu’il voit de bas,

Et dédaigne le joug de ces honteuses chaînes

Jusqu’à ne point souffrir d’affections mondaines,

De peur que leur nuage, enveloppant ses yeux,

À leurs secrets regards n’ôte l’aspect des cieux,

Qu’un frivole intérêt des choses temporelles

N’abatte les désirs qu’il pousse aux éternelles,

Ou que, pour éviter quelque incommodité,

Il n’embrasse un obstacle à sa félicité.

Je te dirai bien plus, sa douceur et sa force

Sont des cœurs les plus grands la plus illustre amorce ;

La terre ne voit rien qui soit plus achevé ;

Le ciel même n’a rien qui soit plus élevé ;

En veux-tu la raison ? En Dieu seul est sa source ;

En Dieu seul est aussi le repos de sa course ;

Il en part, il y rentre, et ce feu tout divin

N’a point d’autre principe et n’a point d’autre fin.

 

 

 

Pierre CORNEILLE.

 

Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,

poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,

Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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