La Terre est au Seigneur
La terre est au Seigneur et toute son enceinte ;
Il la forma lui-même en commençant le temps ;
Et son globe appartient à sa majesté sainte,
Ainsi que tous ses habitants.
Tout à l’entour des mers, c’est lui qui l’a posée,
C’est lui qui l’affermit au dessus de tant d’eaux,
C’est lui qui des courants dont elle est arrosée
L’élève sur tous les ruisseaux.
Mais comment s’élever et quel chemin se faire
À la sainte montagne où brille son palais ?
Et qui s’établira dans son grand sanctuaire
Pour y demeurer à jamais ?
L’homme au cœur pur et droit, à l’innocente vie,
Qui n’a point de son Dieu reçu son âme en vain,
Qui par aucun serment, fourbe, ni calomnie,
N’a fait injure à son prochain !
Le Seigneur à jamais bénira sa conduite,
Le Seigneur dont il prend la gloire pour seul but ;
Oui, Dieu lui fera grâce, et ses bontés ensuite
L’admettront au port de salut.
C’est là ce qu’il réserve à cette heureuse race
Qui ne cherche ici-bas que le Maître du ciel,
Et qui marche en tous lieux comme devant la face
De l’unique Dieu d’Israël.
Ouvrez, princes, ouvrez vos portes éternelles ;
Portes du grand palais, laissez-vous pénétrer.
Laissez-en l’accès libre aux escadrons fidèles ;
Le roi de gloire y veut entrer.
Quel est ce roi de gloire ? À quoi peut-on connaître
Où s’étend son empire et ce que peut son bras ?
C’est un roi le plus fort qu’on ait encor vu naître ;
C’est un roi puissant aux combats.
Ouvrez, encore un coup, princes, ouvrez vos portes.
Portes du grand palais, laissez-vous pénétrer ;
Laissez-en l’accès libre aux fidèles cohortes,
Le roi de gloire y veut entrer.
Dites-nous donc enfin quel est ce roi de gloire,
Quels peuples, quels climats sont rangés sous sa loi ?
C’est le roi tout puissant, le roi de la victoire,
C’est Dieu qui lui-même est ce roi.
Pierre CORNEILLE.
Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,
poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,
Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.