Psaume 62
Dieu, que je reconnais pour l’auteur de mon être,
De qui dépend mon avenir,
Sitôt que la lumière a commencé de naître,
Je m’éveille pour te bénir.
Pour apaiser l’ardeur qui dessèche mon âme,
Ma soif n’a de recours qu’à toi ;
Et ma chair que dévore une pareille flamme
Se fait une pareille loi.
Dans un climat sans eaux, sans habitants, sans vie,
Devant toi je me suis offert,
Pour mieux voir les vertus que ta bonté déploie,
Et ta gloire dans ce désert.
Cette bonté, Seigneur, vaut mieux que mille vies,
Que mille empires à la fois
Nous t’en devons louer, et nos âmes ravies
Y vont unir toutes nos voix.
Puissé-je de mes jours n’employer ce qui reste,
Qu’aux éloges d’un Dieu si bon ;
Et n’élever les mains vers la voûte céleste
Que pour en exalter le nom.
Se puisse ainsi mon âme enivrer de ta grâce,
Et s’enrichir de tes présents,
Que ma joie à ma langue en confiera l’audace
Jusqu’à la fin de mes ans.
Au milieu de la nuit dans le fond de ma couche,
J’en veux prendre un soin amoureux,
Et dès le point du jour, mon esprit et ma bouche
Béniront ton secours heureux.
En l’appui de ton bras, sous l’ombre de tes ailes,
J’ai mis mon bonheur souverain ;
Et mon âme attachée à tes lois éternelles
A reçu l’aide de ta main.
Pierre CORNEILLE.
Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,
poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,
Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.