Te Deum
Nous te louons, Seigneur, nous t’avouons pour maître,
La terre en fait autant de l’un à l’autre bout,
T’adore comme Auteur et Soutien de son être,
Comme Père éternel et Créateur de tout.
Les amoureux concerts de la troupe Angélique,
Les Puissances des Cieux ne chantent que ce mot,
Chérubins, Séraphins n’ont que cette musique :
Saint, Saint, et trois fois Saint le Dieu de Sabaoth.
Ta gloire ainsi sur Terre et dans le Ciel résonne ;
Apôtres et Martyrs qu’en revêt un rayon,
Prophètes, Confesseurs que ta main en couronne,
Tout bénit à l’envi, tout exalte ton nom.
Ton Église ici-bas, une, sainte, infaillible,
Et du Père, et du Fils, et de l’Esprit Divin,
Vante l’immensité, l’essence indivisible,
Le pouvoir sans limite et le règne sans fin.
Ô Jésus, Roi de gloire, et Rédempteur du Monde,
Fils avant tous les temps de ce Père éternel,
Qui t’enfermas au sein d’une Vierge féconde,
Pour rendre l’innocence à l’homme criminel :
L’aiguillon de la mort brisé par ta victoire,
T’a laissé nous ouvrir les royaumes des Cieux :
À la dextre du Père on t’y voit dans la gloire,
D’où tu viendras un jour juger tous ces bas-lieux.
Daigne donc secourir ces faibles créatures,
Qu’il t’a plu sur la Croix racheter de ton sang ;
Et dans le clair séjour de tes lumières pures
Fais-leur parmi tes saints mériter quelque rang.
Sauveur, sauve ton peuple, et sur ton héritage,
Verse à larges torrents tes bénédictions :
Gouverne, guide, élève à l’éternel partage
Nos pensées, nos discours, nos vœux, nos actions.
Chaque jour nous t’offrons un tribut de louanges,
C’est pour les entonner, qu’on nous voit nous unir,
C’est pour bénir ton nom ; souffre qu’avec tes Anges,
À toute éternité nous puissions te bénir.
Surtout, durant le cours de toute la journée,
Préserve-nous de tache, et tiens-nous sans péché :
Prends pitié des malheurs dont notre âme est gênée,
Prends pitié des périls où l’homme est attaché.
Fais que cette pitié réponde à l’espérance
Qu’a mise en tes bontés notre esprit éperdu :
Seigneur, j’y mets encor toute mon assurance,
Et quiconque l’y met n’est jamais confondu.
Pierre CORNEILLE.
Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,
poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,
Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.