Vexilla Regis Prodeunt

 

POUR LE TEMPS DE LA PASSION

 

 

              L’étendard du grand Roi des Rois,

La croix fait éclater son mystère suprême,

Où l’auteur de la chair, s’étant fait chair lui-même,

Daigne mourir pour nous sur un infâme bois.

 

              Le fer d’une lance enfoncé

Dans le flanc amoureux de la sainte victime,

En fait sortir une eau qui lave notre crime,

Et ruisseler un sang dont il est effacé.

 

              David, ton oracle est rempli,

Et quand tu prédisais du maître du tonnerre

Que d’un trône de bois il régnerait sur terre,

Ta voix était fidèle, et l’ordre est accompli.

 

              Arbre noble et resplendissant,

Que pare d’un tel roi la pourpre glorieuse,

Qu’on te prit d’une tige, et digne, et précieuse,

Pour toucher de si près à ce corps innocent !

 

              Arbre heureux, dont les bras ouverts

Ont porté le rachat, le prix de tout le monde,

Balance où s’est pesé plus que la terre et l’onde,

Que tu ravis de proie au tyran des Enfers !

 

              Unique espoir des nations,

En ce temps qui d’un Dieu retrace le supplice,

Croix sainte, aux gens de bien augmente leur justice,

Et pardonne aux méchants leurs noires actions.

 

              Inconcevable Trinité,

Que tout esprit te rende une gloire parfaite ;

Sauve par tes bontés ceux que la Croix rachète,

Et guide-les toi-même à ton éternité.

 

 

 

Pierre CORNEILLE.

 

Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,

poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,

Bruges, Librairie de l’Oeuvre Saint-Charles, 1937.

 

 

 

 

 

 

 

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