Comme les enfants !

 

 

Trois solides gaillards, soufflant fort, poussant ferme,

Menaient un char très lourd du côté de la ferme.

Ils s’étaient arrêtés pour respirer un peu,

Quand un enfant passa. La joue et l’œil en feu,

Les traits tout barbouillés et les cheveux pleins d’herbes,

Il regarde, étonné, l’immense char de gerbes

       Et les trois hommes essoufflés.

 

Puis, d’un pas décidé, courant à leurs côtés,

Voûte son petit dos, et d’une voix joyeuse :

« Moi veux pousser aussi ! » Sa mine sérieuse

Disait qu’il ne comptait pas pour rien son appui.

Les hommes souriaient et se moquaient de lui.

Mais moi, je me disais : « Va, tu n’es pas plus sage ;

Dans cet enfant naïf tu peux voir ton image.

Quand le Seigneur semblait être sourd à ton vœu,

N’as-tu pas cru souvent pouvoir aider à Dieu ? »

 

 

 

Anne-Adèle CORREVON.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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