À Jésus-Christ

 

PRIÈRE DU NOUVEAU PRÊTRE

 

                                                Mihi vivere Christus sit.

 

 

Puisque c’est votre voix qui passant dans ma voix,

Change le pain d’autel en votre chair meurtrie,

Puisque c’est votre main qui dans l’âme flétrie

Verse, lorsque j’absous, la sève d’autrefois ;

 

Puisque ma vie alors absorbée en la vôtre,

Y disparaît comme une flamme dans le jour,

Ô mon Maître, achevez votre ouvrage d’amour :

Qu’on ne distingue plus Jésus de son Apôtre.

 

Quand vers les cœurs obscurs, pleins d’erreur et de bruit,

J’irai portant pour vous le message du Père

À travers mes mots d’homme, ô tranquille lumière,

Verbe de Dieu, luisez et dissipez leur nuit.

 

Faites dans mon courroux tonner votre justice,

Et que tout homme tremble et pleure, ayant péché,

Qu’autour de l’Évangile intègrement prêché

Le départ des brebis et des boucs s’accomplisse.

 

Mais laissez plus que tout percer dans mon accent,

Cet amour qui jadis émut la Galilée ;

Faites avec mon doigt signe à l’âme exilée

Qu’il est un Dieu là-haut et qu’elle est son enfant.

 

Et lorsqu’en votre nom pour obtenir une âme,

Au ciel obstinément je pousserai mon cri,

Que votre esprit, Seigneur Jésus, dans mon esprit,

Mystérieusement gémisse et la réclame.

 

Que mes pas soient vos pas tout le long du chemin

Où j’irai vous chercher votre brebis perdue,

Et lorsqu’à votre amour elle sera rendue

Que pour vous la garder, ma main soit votre main.

 

Sur mes traits en vos traits changés, qu’on puisse lire

Votre immense pitié pour tous les abandons,

Dans mes regards et sur mes lèvres vos pardons,

Votre tendresse forte et douce en mon sourire.

 

Que l’âme désireuse et craintive à la fois,

En vous voyant venir quand je viens se rassure,

Et sente doucement se clore sa blessure,

Sous la légèreté divine de vos doigts.

 

Et puis, quand il faudra tout au fond de moi-même,

Trouver le mot qui fait les saints, le mot vainqueur,

Ô Maître, que mon cœur alors soit votre cœur :

Que je vous fasse aimer autant que je vous aime.

 

 

 

H. COSTA DE BEAUREGARD.

 

Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,

poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,

Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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