Tes yeux sont restés...
J’ai pris la beauté de tes yeux
Quand tu passas sur ma rivière
Et, pour ne mirer que les cieux,
Je les gardai dans ma lumière.
J’ai lu au profond de tes yeux
Quand tu baignas dans ta tristesse,
Et, dans l’espoir de s’aimer mieux,
Je l’ai unie à ma tendresse.
J’ai cru aux grandeurs de tes yeux
Quand tu as bu à ma rivière
Et, pour être plus près de Dieu,
Je les ai mis dans ma prière.
J’ai vu de la joie dans tes yeux
Quand tu t’offris aux eaux limpides
Et, pour te garder en mon milieu,
J’ai ralenti son cours rapide.
J’ai vu tant d’amour dans tes yeux
Quand ton cœur fut à la rivière
Que j’ai songé pour tous les deux
À un début de ciel sur terre.
J’ai vu mon âme dans tes yeux
Quand tu souris à mon sourire
Et nous n’avons rien fait de mieux
Que de pleurer et ne rien dire.
Ils sont immenses tes doux yeux,
Tes yeux coulés dans ma rivière,
Je veux les garder en ces lieux
Pour les dire à toute la terre.
Alphonse COULOMBE.
Recueilli dans Feuilles d’érable, fleurs de lys,
anthologie de la poésie canadienne-française
établie et présentée par Pierre Cabiac,
Éditions de la diaspora française, 1966.