Le pain
Sens-tu, la bonne odeur ?
La bonne odeur du pain ?
Surtout, au temps d’hiver,
Sa bonne odeur nous réconforte
Et nous réchauffe.
Le vois-tu, aux regrets offert,
Pour tous les mendiants
Qui n’ont pas même un franc en poche ?
Ce pain-là, mon enfant,
Quand tu le mangeras,
Pense au travail des hommes.
Pense aux épis mûris,
Pense aux gerbes dorées
Sous le soleil d’été.
Pense au ciel, aux bleuets,
À tous les papillons légers et colorés.
Ce pain blond, mon enfant,
À la croûte craquante,
À la mie délicieuse
Et qui fond sous la dent,
C’est le goût de vigueur
Après le dur labeur.
Il doit rester béni
Et sacré, pour ton cœur,
Surtout, ne l’oublie pas.
Surtout, n’oublie jamais,
Celui qui l’a choisi,
Pour y offrir sa vie
Et le salut du monde.
Paule CSILLAG,
Les souffles de l’amour.
Recueilli dans Le Pain,
Jean Grassin Éditeur,
Paris-Carnac, 1997.