L’Angélus
Le crépuscule tombe. Au loin la cloche tinte.
La terre semble lasse et de chaleur étreinte.
Vers le couchant on voit des faisceaux de rayons
Et les fleurs, s’endormant, bercent les papillons.
C’est l’heure du repos. Plus de lente complainte
Des paysans rendus adoucissant la plainte...
Vieillis par le travail et vêtus de haillons
Ils sont là, recueillis, penchés sur les sillons,
Les mains jointes, courbés, seuls dans l’immense plaine,
Faisant monter vers Dieu de leur âme trop pleine
Leur prière et leurs vœux après un dur labeur.
Il semble qu’autour d’eux s’élève un doux murmure
De chœurs harmonieux formés par la nature
Et que le ciel bénit ces deux simples de cœur.
A. DARDE.
Paru dans L’Année des poètes en 1895.