Poème

 

 

 

Le bras du Seigneur est un bras fort et qui atteint de loin. Celui des princes de la terre n’est rien en comparaison du sien. Les rois ne se montrent si fiers envers leurs sujets que pour inspirer la crainte et l’effroi ; et cependant, si le Seigneur, qui tient la victoire dans sa main, ne leur prête son appui, ils tombent et s’abîment dans le néant. C’est du plus haut des cieux, où commença la guerre entre les esprits célestes, que Dieu précipita le démon sur la terre.

Dès lors, Lucifer, ce monstre infernal, osa attaquer Dieu et s’égaler à lui. Il osa attaquer Dieu, ce Dieu en trois personnes infinies en bonté. L’une d’elles se fit homme, et voilà pourquoi l’homme a vu parmi nous l’Homme-Dieu qui a sauvé la créature coupable. Poussé par son amour immense, l’Homme-Dieu revêtit notre nature, naquit dans une crèche et mourut sur une croix, entre deux voleurs, pour le salut de tous les mortels. Par ce sacrifice consommé sur le Calvaire pour nous laver du péché, voyez ce que ce grand Dieu a fait pour nous ! Le maître de la vie est devenu l’esclave de la mort. Oh ! que chaque mortel, avant de mourir, rentre donc en lui-même et s’humilie en voyant comment naquit le Dieu de l’univers ! Son amour le fit transformer en un pain céleste, en un pain de vie ; et cet amour excessif trouva le secret de se donner lui-même entièrement à nous. Les rois de la terre donnent bien parfois des trésors à leurs favoris ; mais nous n’en avons pas vu un seul qui ait donné son propre corps, comme le Sauveur. Oui, le jeudi-saint, veille de sa Passion, il donna sa chair, son sang et choisit pour tabernacle le corps du pécheur. Et voyez jusqu’où va l’amour et la bonté de ce divin Sauveur ! il se donne même à celui qui allait le trahir et le vendre. Mais, hélas ! comment profita-t-il de tant de bontés ? en devenant l’esclave de Satan.

Grand Dieu ! pour terminer l’œuvre de votre fils, ne permettez jamais que je fasse un si indigne usage de votre chair et de votre sang précieux, de ce sang qui nous montre que vous êtes le Dieu des Dieux, le Dieu qui a fait le soleil, la lune et les étoiles, et toutes ces pierreries brillantes qui étincellent au firmament ; le Dieu qui a bâti le ciel, séjour des bienheureux, sans pierres et sans matériaux.

Ô homme ! c’est en vain que tu lâches la bride à toute ta science ; c’est en vain que tu réfléchis sur la majesté infinie d’un Dieu, si tu ne t’appuies sur la foi, ton esprit se confond et ta raison se perd ! Ô homme ! est-il en ton pouvoir, malgré ton génie, d’embrasser par la pensée ce Dieu plus grand que des millions de mondes, ce Dieu qui a tout fait d’un seul mot, ce Dieu qui n’a ni commencement ni fin, et qui plie et courbe sous sa volonté tout ce qui vit et se remue ? Aucun monarque sur la terre ne lui refuse le droit de suprématie. Il est le souverain de l’univers ; il aime la paix, déteste la guerre ; et si nous n’avons pas un instant de repos, c’est un malheur qui vient de nous. Infortunés que nous sommes ! nous ne pensons que de temps en temps à ce Dieu qui a fait toutes les causes, qui a tiré du chaos le monde sur lequel il a jeté l’homme et une foule d’êtres de toutes espèces, qui a produit les sources, les rivières, les fleuves et les ruisseaux, un automne, un hiver, un été, un printemps, saisons que, dans sa sagesse profonde, ce Dieu a réglées de toute éternité.

Il y a plus de cinq mille ans que sa bonté s’occupe de nous, et que sa providence remplit l’univers de ses travaux infinis. Il donne la nourriture aux reptiles et aux plus petits animaux. Il a soin de toutes ses pauvres petites créatures. L’agneau, il le nourrit de lait ; la brebis, d’herbe tendre ; et l’homme, qui a besoin de nourriture, de l’épi qui croît dans les champs. C’est pour l’homme qu’il a fait jaillir le vin de la vigne, et la cire et le miel de l’abeille. C’est lui qui revêt les petits oiseaux d’un habit bien simple, d’une robe sans couture, quoique composée d’une foule de petits morceaux.

 

 

 

DAUBASSE.

 

Recueilli dans Le troubadour moderne ou

Poésies populaires de nos provinces méridionales,

traduites en français par M. Cabrié, 1844.

 

 

 

 

 

 

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