Vieilles chapelles
Bons vieux saints oubliés dans l’ombre des chapelles,
N’avez-vous pas enfin fini vos pénitences ?...
Plus jamais de garçons, non plus de jouvencelles
Ne viennent à vos pieds faire des confidences !...
Les murs sont lézardés, il y manque des pierres,
Et des graines de fleurs, au printemps, vont germer ;
De leurs multiples crocs, là, s’accrochent des lierres...
Comme tout près du flot... la bernique, au rocher.
Entrons... ces murs où dorment d’antiques échos
De ces foules d’aïeux qui sont venues ici...
Dans ces murs, à jamais prisonniers, sont enclos
Leurs murmures, leur foi, dont l’air est tout rempli !...
Des vitraux sont brisés, dans cette solitude
Il passe quelquefois un furtif vol d’oiseau,
Qui brode des festons jusqu’à la voûte rude,
Ressemblant au modèle, inversé d’un vaisseau.
Bons vieux saints enrobés de restes de peintures,
Mettant un peu de vie sur vos minois naïfs,
Vous eûtes autrefois riches enluminures,
Vous êtes un passé, à nos regards pensifs !...
Quels cerveaux ont œuvré sur ces pierres gravées
Qui restent pour nos cœurs tant de legs précieux,
Livre d’heures, d’espoir et d’amour imprégnées...
Et combien sommes-nous, là, qui pensons à eux !...
Madeleine DAULL.
Paru dans Art et poésie, reflets poétiques de l’ethnie française,
Anthologie des membres titulaires, agrégés d’honneur de la
Société des poètes et artistes de France,
sous la direction littéraire de Henry Meillant,
Jean Grassin éditeur, 1968.