L’épervier

 

 

Quel cri rauque ! Et c’est de joie.

            Là, de ce rocher,

Un splendide oiseau de proie

            Vient de s’arracher.

 

Toi qui gis comme un malade,

            Vois de quel élan

Cet épervier l’escalade,

            L’espace brûlant !

 

Il fuit le désordre, il gagne

            Les calmes hauteurs.

Du ciel et de la montagne

            Dur médiateur.

 

Vois ces ailes, si savantes

            Que tout leur est jeu,

Ces palmes, dont il évente

            Les pics orageux.

 

Quelle dignité nouvelle,

            Rien que de le voir,

Quel but à toi se révèle,

            Hélas, quel devoir !

 

N’es-tu pas à ta manière

            Un être d’essor ?

À ces langueurs de tanière

            Arrache-toi. Sors,

 

Âme avide, que travaille

            La divine faim,

Sors des chaos, des pierrailles,

            De toi-même enfin !

 

 

 

Fernand DAUPHIN,

Les Allégresses : Les Jeux de l’Âme et du Monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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