Le bonheur nous sourit

 

 

À Mme M. FROMONT.

 

 

Fi donc ! de l’égoïste plainte

Qui trouble le meilleur esprit ;

Vivons sans regret et sans crainte,

        Le bonheur nous sourit.

 

N’est-il que le pauvre qui pleure ?

Sait-on les soucis du pouvoir ?

Que dans la plus humble demeure

Se glisse la paix et l’espoir.

Voix douces et mystérieuses

Que Dieu fait chanter dans nos cœurs,

De vos notes les plus joyeuses

Perlez vos récits enchanteurs.

        Fi donc ! etc.

 

Courage ! amis, plus de colères

Contre nos frères plus heureux ;

L’envie aggrave nos misères,

Laissons-les s’envier entr’eux.

Si chaque jour le travail donne

Le nécessaire à nos enfants,

Rions de tout, la vie est bonne :

La terre et les cieux sont charmants.

        Fi donc ! etc.

 

Le plus riche désire encore,

Près de l’indigent il se plaint,

Et la fièvre qui le dévore,

Avec la mort seule s’éteint.

Tous nous avons connu, sans doute,

Un de ces tristes voyageurs

Suant à cueillir, sur la route,

Tous les fruits et toutes les fleurs.

        Fi donc ! etc.

 

Entourons-nous de qui nous aime,

Ouvrons nos âmes et nos mains,

Dans l’ombre est le bonheur suprême,

L’amour est le ciel des humains.

Si le savoir ouvrait les voiles

Qui couvrent les temps à venir,

On verrait Dieu, brillant d’étoiles,

Tout compenser et tout bénir.

 

Fi donc ! de l’égoïste plainte

Qui trouble le meilleur esprit ;

Vivons sans regret et sans crainte,

        Le bonheur nous sourit.

 

 

 

E. DAUSSIN.

 

Recueilli dans la Tribune lyrique populaire en 1861.

 

 

 

 

 

 

 

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