Crédo

 

 

Je crois en vous enfin, Dieu qui fîtes ce monde,

Les étoiles, la mer, les larmes et le sang,

Le grand cœur de Jésus et sa douleur profonde

Et la lance de fer qui transperça son flanc.

 

Oui, je vous ai trouvé dans le fond de mon âme

Parce que je sentais qu’il fallait vous chercher.

La foi peut assouvir celui qui la réclame

Sur la route infinie où il lui faut marcher.

 

Je ne peux me passer, Dieu, de votre existence :

Rien, si vous n’êtes pas, ne m’est essentiel,

Ni la faim, ni la soif, ni les mots que je pense.

Mon cœur a trouvé seul le vrai chemin du ciel.

 

Un jour, je suis allé dans une pauvre église

De campagne où flottait doucement une odeur

De pailles et d’encens, que mon cœur a comprise,

Un enfant près de moi priait avec candeur.

 

Depuis, je vous ai vu partout sur notre terre,

Seigneur, auquel je crois, malgré vos cavaliers

Qui transportent la mort, la famine et la guerre

Sur leurs maigres chevaux aux durs sabots d’acier.

 

Je vous ai reconnu dans tout ce qu’on formule,

Le verbe et le silence et dans le bruit du vent,

Dans la pluie et dans l’air, l’aube et le crépuscule,

À Rome, dans la paix sereine d’un couvent.

 

Quelquefois dans le cri d’une bête traquée,

Qui levait vers le ciel un long regard blessé

Et pour qui la douleur restait inexpliquée

Jusqu’au temps de mourir – dans l’ombre d’un fossé ;

 

Dans le règne animal et dans le blé qui pousse,

Dans le balancement nonchalant d’un berceau,

Dans l’insecte doré qui grimpe sur la mousse,

Dans les vers de Racine et le cœur de Rousseau.

 

Je crois en vous, mon Dieu, je reconnais, mon Père,

Que vos décisions sont pleines d’équité :

Les larmes que je verse et ma longue misère,

Tout ce que j’ai souffert, je l’ai bien mérité.

 

 

 

André DAVID.

 

Paru dans Gants du ciel

en septembre 1943.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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