La fuite des jours
Ô jours, rapides jours traversant nos rivages,
Apportés, remportés par l’océan des âges,
Ô jours si fugitifs, ô jours sitôt passés,
Éclairs si vite nés et si vite effacés,
Vous êtes le tissu de notre courte vie,
Le but de nos désirs, l’objet de notre envie !
De tristesse ou de joie instants vite épuisés,
Pourtant vous n’êtes rien, si vous ne conduisez
À ce jour éternel de la maison céleste,
Où, quand tout nous a fui, notre Dieu qui nous reste,
Notre Père des Cieux, accueille ses enfants
Par leur amour fidèle à jamais triomphants.
Oh ! qu’heureux est celui qui depuis son enfance
Sema dans son sillon la divine semence
D’où germera le fruit de l’immortel espoir !
Celui-là, sans regret, lorsque viendra le soir,
Pourra lier sa gerbe et l’offrir à son Maître.
Celui-là, sans frayeur, te verra disparaître,
Soleil du dernier jour qu’il doit vivre ici-bas,
Et l’ombre de la nuit ne le troublera pas.
Gaston DAVID.
Paru dans L’Année des poètes en 1890.