Pauvres petits soldats !
« Pauvres petits soldats !... » Que nous veut ce langage ?
Gardez votre pitié pour de plus malheureux.
Camarades, c’est vrai, d’enfants nous avons l’âge.
Mais le cœur est viril et le sang généreux.
Nous ne nous plaignons pas, et vous osez nous plaindre !
Qui remplit son devoir peut marcher le front haut ;
Et le nôtre, il faudrait se grandir pour l’atteindre
Levé, comme toujours il l’est, vers le Drapeau.
Ni pauvres, ni petits ! – Quand, pour son divin Maître,
Il méprise les biens les plus chers d’ici-bas,
Le croire malheureux, c’est insulter un prêtre ;
Et nous sommes aussi des prêtres, nous soldats.
Si ce n’est point pour nous qu’au delà des étoiles
Jéhovah fit briller quelque signe apparent,
Notre idéal est net et se montre sans voiles :
La Patrie est plus près, si le ciel est plus grand.
Oh ! ne nous dites pas : « Géants », comme à nos pères ;
C’est bien : Strasbourg et Metz pleurent assujettis ;
Mais, nous sachant heureux dans nos vertus austères,
Ne vous écriez plus : « Oh ! les pauvres petits ! »
Capitaine DAVID.
Paru dans L’Année poétique en 1906.