L’ange gardien
Entends-tu, mon enfant, cette voix qui t’appelle ?
Comme elle est jeune et pure... écoute-la toujours :
C’est la céleste voix de cet ange fidele
Qui préside à tes jours ;
De cet ange du ciel dont l’aimable sourire
Est doux comme le tien,
De cet ange qui t’aime et qui veut te le dire,
De ton ange gardien.
Quand tu rêves, la nuit, de fleurs à peine écluses,
Des baisers de ta mère aux refrains si chéris,
Du printemps qui renaît, de perles et de roses,
De tes jeux favoris...
Sais-tu ce qui, tout bas, vient charmer ton oreille ?
C’est le tendre entretien
De cet ange charmant qui te garde, te veille,
De ton ange gardien.
Quand tes yeux tout à coup se remplissent de larmes
Pour un oiseau parti, pour un jouet perdu,
Qui dissipe aussitôt tes naïves alarmes ?
C’est cet ange assidu :
C’est lui qui te console et te rend à ta joie,
C’est lui, lui, ton soutien,
Qui s’attache à tes pas, que le bon Dieu t’envoie,
C’est ton ange gardien.
Quand tu viens de causer du chagrin à ta mère,
Que tu fais le méchant, que tu viens de mentir,
Qui porte dans ton cœur une douleur amère,
Un ardent repentir ?
N’est-ce pas cet ami qui veut que tu sois sage,
Et te dit : « Fais le bien ! »
Cet ami qui toujours t’exhorte, t’encourage ?
C’est ton ange gardien.
Oh ! ne cesse jamais de le voir, de l’entendre,
Laisse-le te guider en tout temps, en tous lieux ;
Son esprit est si doux, son amour est si tendre,
Son œil si radieux !
À cet ange fidèle unis-toi comme un frère
D’un éternel lien !
Il te conservera pour le ciel, pour ta mère,
Ton bon ange gardien.
1855.
Albert DECROIX, Fleurs d’un jour, 1856.