Confiance

 

 

Avant que je naquisse, au sein de l’Être énorme

Mes éléments flottaient comme l’eau dans la mer.

Une force passa, miraculeux éclair ;

Et je trouvai mon centre, et la vie, et la forme.

 

Quand il faudra que l’homme, ô Mort ! en moi s’endorme ;

Ô Mort, quand je boirai ton opium amer,

Mes éléments dissous, plus mobiles que l’air,

Retourneront à l’Être où les puisa la Norme ;

 

Car ils n’en peuvent pas sortir. Or ce séjour

Est aussi la demeure où vont les forces ; celle

Qui les groupa peut bien les ressaisir un jour.

 

Replongez donc, rentrez dans l’onde universelle ;

Attendez le passage, attendez l’étincelle ;

Je m’endors confiant : cette force est l’Amour.

 

 

 

Paul DELAIR, Testament poétique.

 

Recueilli dans les Suppléments à l’Anthologie

des poètes français contemporains, 1923.

 

 

 

 

 

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