Retour au cœur
Pour me démontrer Dieu, faut-il que je commence
Par la ligne rigide et par les nombres froids ?
Quel dilemme le tient entre ses bras étroits ?
Quel théorème aura ce corollaire immense ?
Je brise le compas ! Puis-je espérer, démence,
Voir l’infini jaillir d’une règle de trois ?
Non, ce n’est pas au chiffre inerte que je crois :
Le sillon de mon cœur vaut une autre semence.
Ce que je cherche au ciel ardemment, ce n’est pas
Un Dieu mathématique et qu’on puisse comprendre,
C’est un être vivant qui me tende les bras,
Un Père au sein de qui je puisse enfin suspendre
Cet infini d’amour qu’en ce vil monde, hélas !
Mon âme ne peut plus ni porter ni répandre !
Paul DELAIR, Testament poétique.
Recueilli dans les Suppléments à l’Anthologie
des poètes français contemporains, 1923.