Le pasteur de village

 

 

Voyez-vous ce modeste et pieux presbytère ?

Là vit l’homme de Dieu, dont le saint ministère

Du peuple réuni présente au ciel les vœux,

Ouvre sur le hameau tous les trésors des cieux,

Soulage le malheur, consacre l’hyménée,

Bénit et les moissons et les fruits de l’année,

Enseigne la vertu, reçoit l’homme au berceau,

Le conduit dans la vie, et le suit au tombeau.

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Fidèle à son église, et cher à son troupeau,

Le vrai pasteur ressemble à cet antique ormeau

Qui, des jeux du village ancien dépositaire,

Leur a prêté cent ans son ombre héréditaire,

Et dont les verts rameaux, de l’âge triomphants,

Ont vu mourir le père et naître les enfants.

Par ses sages conseils, sa bonté, sa prudence,

Il est pour le village une autre providence.

Quelle obscure indigence échappe à ses bienfaits ?

Dieu seul n’ignore pas les heureux qu’il a faits.

Souvent dans ces réduits où le malheur assemble

Le besoin, la douleur et le trépas ensemble,

Il paraît, et soudain le mal perd son horreur,

Le besoin sa détresse, et la mort sa terreur !

Qui prévient le besoin prévient souvent le crime :

Le pauvre le bénit, et le riche l’estime,

Et souvent deux mortels l’un de l’autre ennemis

S’embrassent à sa table et retournent amis.

 

 

 

DELILLE.

 

Recueilli dans

Recueil gradué de poésies françaises,

par Frédéric Caumont, 1847.

 

 

 

 

 

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