Inspiration chrétienne
(D’APRÈS LA FRESQUE DE PUVIS DE CHAVANNES)
Loin du monde réel, qu’ils ne voient qu’à distance,
Détachés de tout bien périssable et mortel,
Sans désir, sans envie, à l’ombre de l’autel,
Ils passent saintement leur pieuse existence.
Tout entiers à cet art dont le ciel les dota,
Dans l’horizon formé de cette étroite enceinte,
Ils peignent – s’inspirant de l’Écriture sainte –
Marie à Nazareth, ou Christ au Golgotha...
Ils peignent un vitrail, comme on fait un poème :
Avec tout ce qu’on a de meilleur en soi-même,
Et qui demeure – intact – lorsque vous n’êtes plus.
Ainsi l’homme revit quand il s’immortalise.
– C’est de cette façon que, certain soir, je lus
Tout un rêve d’amour, sur un vitrail d’église...
François DELLEVAUX.
Paru dans L’Année des poètes en 1895.