Invocation à Marie
en robe verte
Marie en robe verte,
mignonne et douce
comme la mousse
avant les feux d’été,
Marie en robe verte,
ta bonté en alerte
qui retrace mes pas en assumant ma vie,
ta bonté infinie
a franchi le portique
de l’arène mystique
où râlait, veule et noire,
l’agonie
de mon vœu sans espoir.
Vers moi s’est penché ton front de clarté ;
et ton regard lustral,
Marie en robe verte
que ne frôle aucun mal,
a baigné d’azur pers la funèbre souleur
et le goût de malheur
de mon cœur enlisé ;
et ton geste apaisé,
et ta lèvre entr’ouverte
où rêvait un baiser
semblaient dire : « Il faut croire,
il faut croire à l’espoir ! »
Lorsque revient le soir,
Marie en robe verte,
il faut croire, il faut croire
au fidèle retour de ton alme visite,
à la promesse de l’invite :
« Il faut croire, il faut croire ! »
Sous l’étoile incertaine,
frileuse ou bien lointaine,
aveugle ou sans pouvoir,
il faut croire à l’espoir !
Tandis que l’heure poursuit
son lent cheminement qui s’alourdit d’ennui,
tandis que l’heure morne à pas comptés progresse
et, sans savoir,
descend et s’abandonne au creux de la tristesse
où les regrets visqueux et les larves d’espoir
grouillent sans bruit,
et tandis que l’âme en détresse
sue et pâme d’angoisse aux confins de la nuit perverse :
les épaules à terre,
aveuglé dans le noir
et roué de misère,
il faut croire à l’espoir !
Marie, en robe verte,
enfin !
du côté des matins,
Marie en robe verte au charme qui délivre,
du côté des matins sans fin
d’indécises blancheurs vibrent.
Elles sont une attente,
anxieuse, implorante,
et bientôt des lueurs
qui caressent mon âme,
et pénètrent la cendre et raniment la flamme
au cœur,
et vont forcer le noir :
Il faut croire à l’espoir,
et le Ciel s’ouvre, libre !
Marie en robe verte,
mignonne et douce
comme la mousse
avant les feux d’été,
Marie en robe verte qui m’as dit d’espérer,
je veux croire à l’amour,
Marie en robe verte,
je veux croire à l’amour,
ô Soleil de Bonté, qui fais germer le jour !
Raymond DELORI.
Paru dans la revue Marie
en mars-avril 1952.