Je sais toutes beautés
Je sais le jour qui vient et la nuit qui s’approche
Quand tout frémit, quand tout s’éveille ou tout s’endort
Le jeu d’ombre et lumière au sommet de la roche
Ou sur la vague blanche ourlant le sable d’or.
Je sais le vent du large et l’air léger des cimes
Où j’ai cru me survivre, et je me suis grisé
De tout vertige et des hauteurs et des abîmes
Sur le chemin de Dieu doux au cœur avisé.
Je sais l’arbre et la fleur, et le regard des bêtes,
Le doré de l’Octobre et le vert de l’Avril,
Le nuage et son rêve, et le chant des poètes,
Le piège que l’aragne a tissé fil à fil.
Je sais le bois qui brûle et la danse des flammes,
Je sais toutes beautés que dispense le Ciel,
Je sais aussi tes yeux et l’ardeur de ton âme,
Et, par Toi, je connais un amour essentiel.
Maurice DELORME, Émergence, 1959.