Au papillon
À R. Le Cholleux.
Fils du Soleil ! poursuis tes courses vagabondes
À travers les parfums dont ton vol fend les ondes !
Puis, aux lieux ou les fleurs étalent leur trésor,
Va boire le nectar en des calices d’or !
Comme un ciel étoilé, que ton aile de gaze,
Là, s’ouvre et se referme en palpitant d’extase...
On t’admire, et pourtant, ver informe et hideux,
Tu rampais sur la terre, et dans la boue humide
Tu dormis : puis, quittant l’état de chrysalide,
Bientôt, aux champs d’azur, tu volas radieux !
Tel est l’homme ! Ici-bas, il rampe dans la fange,
Mais la Religion le berce en son amour.
Il s’endort en la Vie au réveil, il est Ange
Et plane dans les Cieux, à la splendeur du jour.
A. DÉMELIN.
Paru dans la Revue septentrionale en 1895.