Devant la mer
LA mer est étale ; elle est bleue et rose.
Le couchant lui fait une apothéose ;
Son sein, par moment,
Sous des lames d’or se gonfle et palpite
Alors que le vent l’incurve et l’agite
Éternellement.
Veux-tu que l’on aille au large, ma mie,
Puisqu’elle est, ce soir, la mer endormie
Et douce au marin,
Puisqu’elle est la mer qui s’offre sans voiles
Aux lointains baisers tombés des étoiles
Sous un ciel serein ?
Nous irons tous deux sur l’eau paresseuse.
La mer est toujours la grande berceuse
Des rêves mortels.
Sous l’immense voûte aux mille oriflammes
Viens, nous unirons de nouveau nos âmes
Devant ses autels.
Gonzalve DESAULNIERS,
Les bois qui chantent, 1930.