Midi aux champs
C’EST midi, l’angelus au clocher des villages
Tinte, les moissonneurs tirent les attelages
Sous les bouleaux ombreux épandus sur le champ,
Et viennent aiguiser leurs faux dont le tranchant
Luit sous le baiser chaud du jour. Près d’une meule
Où le foin s’est tassé, la maman, toute seule,
Présente au nouveau-né son sein gonflé de lait
Et sourit, alors que sous le grand ciel muet
Dont les branles de loin brisent la somnolence
Son homme s’est signé dans un profond silence.
Gonzalve DESAULNIERS,
Les bois qui chantent, 1930.