L’office de minuit
La lune sculpte d’or l’ogive du portique ;
Le temple resplendit aux lueurs des flambeaux,
Car l’Église a prescrit ses rites les plus beaux.
La splendeur de l’encens bleuit la voûte antique.
Par les vitraux voilés du grand portail gothique,
Des bruits, des voix, des chants, s’envolent par lambeaux ;
Et les diacres, groupés sur leurs lourds escabeaux,
Dans un décor pompeux psalmodient un cantique.
Hélas ! peu d’auditeurs à ce pieux concert !
La nef est délaissée et le chœur est désert ;
Le prêtre sacrifie en l’église vidée...
Car la ferveur s’éteint, dans ce siècle vieilli.
De nos jours, comme au temps de l’ancienne Judée,
Jésus trouve en naissant la froideur et l’oubli.
Jean DES AULNES.
Paru dans La Jeune Picardie en 1900.