Ave Maria

 

 

        Ave Maria,

        Sur l’âme qui pleure,

        Chante et verse l’heure

        Où l’Ange pria.

 

Quand j’entendais le soir

Trembler à mon oreille

L’Angélus qui s’éveille

Comme un germe d’espoir,

Rêveuse sur ma porte,

Je rappelais tout bas

Quelque espérance morte

D’absence ou de trépas.

 

        Ave Maria,

        Sur l’âme qui pleure,

        Chante et verse l’heure

        Où l’Ange pria.

 

Soupirs de l’Angélus,

Vos tintements tranquilles

Dans les cris de nos villes

Ne me parviennent plus :

Mais seule et triste encore

Quand s’en va le soleil,

Ma mémoire sonore

Tinte dans mon sommeil :

 

        Ave Maria,

        Sur l’âme qui pleure,

        Chante et verse l’heure

        Où l’Ange pria.

 

 

 

Marceline DESBORDES-VALMORE,

Pauvres fleurs.

 

Recueilli dans Rosa mystica :

Les poètes de la Vierge,

du XVe au XXe siècle, s. d.

 

 

 

 

 

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