Au pays de Léon
C’est tous les jours la Fête-Dieu
Aux villages du Finistère.
Chaque maison drape un suaire
Fait d’un lait de chaux radieux,
Tissé de neige et de lumière
Et festonné de granit bleu.
Le lys et la rose trémière
Fleurissent le seuil le plus gueux
Et l’âtre blond s’éclaire aux feux
D’ajoncs d’or, de roses bruyères.
Au bord des lavoirs sablonneux
On voit d’accortes marinières
Hisser aux hampes de glaïeux
Leur grand pavois de lavandières.
Sur leur frais visage aux yeux bleus
Voltigent des coiffes légères.
L’angélus et les glas pieux
Tournoient sur les clochers de pierre.
Les morts dorment dans leurs enfeux
En attendant l’aube dernière.
Et les enfants font leur prière
Dans la langue de leurs aïeux.
Aux villages du Finistère
C’est tous les jours la Fête-Dieu.
Jean DES COGNETS, Fugitives, 1930.
Recueilli dans Louis Chaigne,
L’anthologie de la renaissance catholique : Les poètes,
Alsatia, 1938.