Cantique de la bien-aimée
Ce n’est pas à moi seul que tu dis le oui nuptial,
c’est à Dieu, à l’amour, et à la vie féconde,
mais c’est moi seul que tu choisis pour y répondre
et pour moi seul que sur l’horizon de ta mort
tes bras tiennent ouverte – en croix – la Porte d’or.
Ton corps n’était-il rien qu’un double de ton âme
ou réduit par la mort à sa natale essence
se peut-il qu’en lui-même il ait déjà conçu
cette vierge de gloire où revit l’humble femme
promise à mon amour dans le ciel de Jésus ?
Je t’y retrouverai, telle qu’au premier jour
au jardin de ton Père assise en ton enfance,
souriante, en attente calme de l’amour
sous la palme où mûrit le fruit de connaissance.
L’éternité ce n’est pas vivre si longtemps
qu’on n’en atteigne pas la fin,
c’est renaître en Dieu pour y jouir sans fin
en un seul être unis de l’immortel instant.
Ton silence m’appelle à cette vie nouvelle
qui n’a de connaissance que l’amour
n’existe qu’en son immanence
Et ne s’éclaire qu’à son jour
où regarder c’est posséder.
Crépuscule de l’aube, aurore de la nuit
l’Homme naît de la Femme, elle naquit de lui.
De leurs deux corps, chacun pour l’autre viatique
le sacrement charnel a fait un être unique,
l’Être de leur amour dans l’étreinte enfanté
qui rend au couple humain sa première unité
et lui promet en Dieu cette éternelle fête
de la possession unitive et parfaite.
Là, lumière et chaleur dans une même flamme
de soi-même nourri, brûlant inconsumé,
le feu du pur désir intégrant l’âme à l’âme,
fond le cœur de l’amante au cœur du bien-aimé.
L’offrande mutuelle alors se fait hostie
ET LA COMMUNION S’ACHÈVE EUCHARISTIE.
Jean DES COGNETS.
Extrait de Complies, André Bonne.