Nos vieux mendiants
Perdu dans la campagne aux coteaux verdoyants,
Lorsque les gars du bourg mettent leur foin en gerbes
Et que mille grillons bruissent dans les herbes,
Avez-vous, quelque jour, vu ces vieux mendiants
Qui, par le chemin seul, sous les cieux flamboyants,
Parcourent nos hameaux, et, diseurs de proverbes,
Brodent d’anciens récits naïfs, ou trop acerbes,
Mais savoureux, quand même, et toujours attrayants ?
Par coutume, on leur donne à manger, comme à boire,
Un gîte avant l’orage, et, tout, pour une histoire ;
Car Dieu paie au centuple et les ans seront bons !
Leurs yeux n’y voient plus goutte et leurs jambes sont grêles,
Mais ils savent chanter, nos rustiques barbons,
Les vieux airs du pays aux petits enfants frêles !
Alfred DESCARRIES, Pour mon pays, 1922.