Nos grand’mères

 

 

Qu’il est beau de les voir, avec leurs cheveux blancs,

Nos grand’mères, alors qu’aux heures indécises,

Elles s’en vont dire un chapelet aux églises ;

Les jours ne semblent pas leur paraître accablants !...

 

Leurs cœurs, jeunes encor, ont des secrets troublants

Qu’elles gardent pour ceux qui les auront comprises !

Les voyez-vous, parfois, en faisant « des reprises »,

S’arrêter tout-à-coup, joindre leurs doigts tremblants...

 

Puis, après un baiser, à leur petite fille,

Dire doucettement : « Enfile mon aiguille » ?...

Elles rêvent alors aux chemins parcourus !...

 

Car, leur vie est féconde en tristesses amères ;

Que d’enfants oublieux elles ont secourus...

Ah ! ne faites jamais de chagrin aux grand’mères !

 

 

 

Alfred DESCARRIES, Pour mon pays, 1922.

 

 

 

 

 

 

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