Pendant la tempête
I.
Vierge, fleur de mystère,
Étoile des marins,
Qui d’un regard fais taire
L’orage et les chagrins
Et leurs peines amères ;
Espoir des pauvres mères,
Dans son berceau flottant
Protège mon enfant.
L’aquilon souffle et gronde
Et sur sa tête blonde
Se déchaîne en courroux ;
La vague au sombre râle
Vient le saisir tout pâle
Jusqu’en mes bras jaloux !
Sainte et douce patronne,
Viens du haut de ton trône,
Dans son berceau flottant
Protéger mon enfant !
II.
Mère auguste et suprême,
Sur la terre, jadis,
Bien qu’il fût Dieu lui-même
Tu tremblas pour ton Fils ;
Tu vois ma peine amère !
Prends pitié d’une mère !
Dans son berceau flottant
Protège mon enfant !
La foudre éclate et tombe,
Il vogue dans sa tombe,
Tous les flots sont en feu...
Mais quoi ! l’orage expire ;
J’ai vu mon fils sourire
Et le ciel devient bleu !...
Merci, douce patronne,
Qui du haut de ton trône,
Dans son berceau flottant
As sauvé mon enfant !
Émile DESCHAMPS.
Paru dans les Annales romantiques en 1836.