Après la vie

 

 

Si, dans le monde élevé

Qui plane au-dessus du nôtre

L’amour – ce trésor rêvé –

Peut unir un cœur à l’autre ;

 

Si l’être qui nous fut cher

Nous y garde sa tendresse

Sans qu’un souvenir amer

Lui rapporte la tristesse ;

 

Si l’espoir n’est pas trompeur

Dans ces sphères inconnues,

L’âme partirait sans peur

Pour l’immensité des nues.

 

Qu’importe, alors, de mourir

Pour revivre à l’instant même,

Revivre et te conquérir,

Ô félicité suprême ?

 

Hélas ! ignorants du sort,

Nous nous attachons au monde,

Et nous tremblons, quand la Mort

Nous tend sa coupe profonde.

 

Mais croyons en la bonté

De Dieu maître de la vie ;

Par l’heureuse éternité

Il veut qu’elle soit suivie.

 

 

 

Alfred DES ESSARTS.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1893.

 

 

 

 

 

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